L'incarcération des personnes coupables de crimes économiques

Avec la venue des scandales de WorldCom, Enron et compagnie, on souligne l’arrivée d’une nouvelle forme de criminalité, les crimes économiques. Comment punit-on quand l'arme du crime prend la forme d'un compte bancaire ou d'une confidence défendue plutôt que celle d’une arme? Brian K. Payne, auteur de Incarcerating White-Collar Offenders souligne la question suivante : La prison est-elle vraiment le bon moyen de punir une personne coupable de crime économique?

L'interrogation est d'autant plus d'actualité que, depuis les derniers grands scandales financiers, les pays industrialisés se donnent plus d'outils pour écrouer la racaille des affaires qui met en jeu l'économie d'un pays ou la crédibilité d'un gouvernement.Le Canada a voté des amendements au Code criminel qui donneront dès cet automne plus de munitions aux forces de l'ordre. D'ici avril 2006, neuf équipes intégrées, composées de policiers de la Gendarmerie royale, d'avocats et de spécialistes d'enquête, auront à l'oeil les gestionnaires fraudeurs. Les condamnations pourraient se faire plus fréquentes et plus sévères.

Dès l’entrée en prison, ils savent qu'ils n'ont plus le pouvoir. Et pour quelqu'un qui est à la tête d'une entreprise, c'est dévastateur. Les jours qui suivent, eux, sont déterminants pour les nouveaux détenus. Et nombreux sont les pièges psychologiques qui guettent les criminels «d'affaires» pour la plupart déclarés coupables de fraude, extorsion, de contrefaçon, crimes fiscaux, délit d'initiés ou détournement de biens plutôt que de crimes violents.

La dépression, la perte d'identité et de statut social, la peur du danger que représentent les autres détenus, l'ennui et l'apparition de comportements déviants sont parmi les phénomènes les plus souvent observés au sein de cette population, fort minoritaire derrière les barreaux.«Certains de ces phénomènes peuvent être de courte durée, mais d'autres peuvent laisser des traces et le personnel des services correctionnels doit être à l'affût pour s'assurer que l'emprisonnement mène vers la réhabilitation et non vers une récidive», comme le souligne Brian K. Payne.

«Il faudra bientôt repenser comment nous punirons ces criminels. Toutes les études indiquent que la punition la plus efficace comprend une courte détention, suivie d'une amende et de services rendus dans la communauté», conclut Brian K. Payne