Par Danièle Coupal - 1er octobre 2006
Molson lançait, en mars 2005, sa toute nouvelle bière « caféinée », la Molson Kick, à l’essence de guarana, source naturelle de caféine. Ce nouveau produit avait suffisamment suscité mon intérêt et ma curiosité pour que j’écrive sur le sujet. (Le citoyen no 122, 22 mars 2005) Peu de temps après, la Brasserie Labatt, comme tout bon concurrent qui se respecte et désireux de s’approprier une part de marché, commercialisait aussi une nouvelle bière caféinée, également à l’essence de guarana.
En juillet 2006, la compagnie américaine Nic Lite nous a concocté une boisson au citron et à base d’eau contenant 4 milligrammes de nicotine, soit l’équivalent de deux cigarettes. Une boisson qui pourrait bientôt remplir nos tablettes d’épiceries et de dépanneurs.
Dans un communiqué édité en juin dernier, le fabricant, qui ose même percevoir son nouveau produit comme un complément alimentaire, (Ouf !...de la nicotine comme complément alimentaire ?!?) informe le public et les médias qu’il prévoit écouler sa marchandise principalement dans plus de cinquante aéroports, en fait directement aux points de vente de son principal groupe-cible : les passagers qui souffrent des vols sans fumée.
Les « Amaricains », fiers de leur compagnie et de sa nouvelle trouvaille, voient dans cette propagande un moyen de mieux composer avec les interdictions de fumer dans les lieux publics, en vigueur notamment au Québec et en Ontario.
Toutefois, même si Nico Worldwide (raison sociale officielle) a essuyé une défaite dans sa distribution aux États-Unis, l’agence américaine responsable de l’homologation des aliments et médicaments, le Food and Drug Administration, a déterminé que le produit Nic Lite ne pouvait être considéré comme un complément alimentaire, contrairement aux prétentions de l’entreprise.
Messieurs les dirigeants et directeurs marketing de Nico, vous n’êtes quand même pas sérieux ? Vous n’oseriez pas prétendre que votre boisson citronnée et « nicotinée » est de la catégorie des produits naturels ? Depuis quand la nicotine fait-elle partie des produits naturels ? Vu d’un certain oeil, effectivement, c’est un produit naturel au même titre que l’herbe à poux ou le cannabis ! Toutefois, je doute fort que nos spécialistes en alimentation aient le même point de vue.
La société californienne a déposé une demande au ministère canadien de la Santé afin que la boisson puisse être vendue au pays, cependant, elle n’a pas encore été approuvée par le ministère fédéral de la Santé et certains spécialistes doutent de son « efficacité ». Selon la directrice de la recherche et de la formation de l’Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario, Joanna Cohen, « même les thérapies de substitutions telles que les timbres et la gomme n’acheminent pas la nicotine au cerveau aussi vite que le fait d’en griller une, l’assimilation étant trop lente ». (1) Il semble que Mme Cohen n’est pas tout à fait convaincue qu’une boisson à base d’eau puisse satisfaire une crise de « nicotinite aigüe » !
Mais qu’entendons-nous par « efficacité » ?
Efficace selon quels critères ?
- La nicotine liquide ne procure pas autant de « satisfaction » que la nicotine contenue dans le tabac ?
- Elle n’est pas aussi « néfaste » ?
- Elle n’est pas aussi responsable des cancers de poumons ?
- Elle n’est pas non plus assez dangereuse pour faire l’objet d’une loi ?
- Elle n’a aucune odeur et ne dégage aucune fumée secondaire contrairement à la nicotine qui se fume ?
Considérant tous ces critères, les « AMARICAINS » peuvent bien prétendre que leur boisson à la nicotine est tout à fait inoffensive au point de la qualifier de produits naturels !
Ah ! Ces « Amaricains » ! Lorsque leur empire commence à décliner ... !
Défendu d’inhaler mais permis d’en boire...!
Mais que concluent les spécialistes du Food and Drug Administration en fait ? Épisode à suivre ...car nos voisins du sud ne se laisseront pas réglementer aussi facilement face à une boisson qu’ils considèrent inoffensive et en plus... « de santé » !
Et nos ministères de la Santé quant à eux, accepteront-ils la vente de cette boisson californienne au Canada ?
Car tous se souviennent qu’aussitôt que le ministère de la Santé a déclaré que la nicotine était responsable d’un haut pourcentage de décès reliés au cancer des poumons, le gouvernement québécois s’est empressé de nous pondre une loi antitabac et il a mis à la disposition des consommateurs, tous les moyens pour les inciter à « écraser » cet affreux clou de cercueil. Sans parler des millions de dollars investis en publicité, il offre même le remboursement de certains produits « anti nicotine ». En ce qui concerne mon cercueil, croyez-moi, il est très bien cloué !
Mais pour provoquer autant de remous, la nicotine doit sûrement être la vraie grande responsable du plus haut taux de décès au Québec, quoique curieusement, elle doit être moins nocive dans l’ouest canadien, elle ne fait pas l’objet d’une loi !
Et beaucoup plus que l’alcool entre autres !
Et finalement... la bière au lait... ! Et oui...au lait !
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, en mai 2006, naissait la « Lactiwel », une bière composée à 75% de lait et à 25% de malt, définie comme bière au lait. Le Bio Clips de l’actualité bio alimentaire du ministère québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) nous raconte d’ailleurs la trouvaille forte originale de M. Besnard, ce Français qui a su mettre au point cette bière au lait. À force de recherches, les techniciens de l’Institut national de la recherche agricole (INRA) de Rennes deviennent complices de sa trouvaille et la transforment en une fabrication de série. On fait appel à des bactéries lactiques savamment mélangées à des levures spécifiques contenues dans le kéfir, une boisson traditionnelle du Moyen-Orient. Le tout bien entendu fait l’objet d’une fermentation et l’on produit finalement une bière à deux degrés, d’une couleur jaune pâle, au goût sucré affichant une mousse légère.
Après les bières à la framboise, au sirop d’érable, au sarrasin, voilà qu’un spécialiste français entre dans la ronde des trouvailles brassicoles en mettant au point sa bière au lait, laquelle remporte même le prix de la meilleure innovation bretonne. En plus, cette bière au lait trouve preneur et se vend hebdomadairement à raison de 300 bouteilles de 75 cl. Selon M. Besnard, il n’entend pas transformer l’industrie laitière française en une immense barrique à bière et ne veut pas non plus la produire d’une façon industrielle « car, dit-il, c’est trop coûteux ». Mais, cela ne l’empêche pas de chercher un partenaire qui contribuerait à fabriquer la bière au lait sur une plus grande échelle et naturellement atteindre la grande distribution.
Néanmoins, de ce côté-ci de l’océan, notre industrie laitière québécoise qui cherche désespérément de nouveaux débouchés pour son lait, se frotterait les mains devant de telles perspectives(2).
Peut-être que nos bonnes vieilles bovines blanches tachetées noires seraient même prêtes à redoubler d’effort pour que leur lait se transforme en bière !
Néanmoins, M. Besnard n’a pas encore dit son dernier mot. Paraîtrait qu’en mars dernier, il a mis au point un cola à partir du même lait fermenté au kéfir et sans sucre ni édulcorant en plus. Une bière au lait et un cola au lait... Ah ! Ces Français !
Et qui sait si le biberon de l’avenir ne sera pas rempli de bière au lait ! Fini les nuits blanches, bébé dormira à poings fermés jusqu’au lendemain matin ! Et même que dans quelques années on accordera peut-être à M. Besnard une mention honorable pour avoir contribué à contrer la dénatalité au Québec ?
« Prendre un verre de bière mon minou...
C’est prendre un verre de lait...c’est tout » !
On aura tout bu !
Monsieur Besnard peut lui aussi dormir à poing serrés, la concurrence n’est pas pour cette année ; car le nouveau Cola allie l’essence de café et le goût du coke tout en demeurant une boisson gazéifiée ! En plus, la bouteille se distingue par son étiquette noire, brune et or. Et notre géant « Amaricain » estime que « cette nouvelle boisson-fusion contribue à rafraîchir le corps et l’esprit » !(3) Tous les qualificatifs sont bons, l’important est de mousser la vente du nouveau Coca-Cola Black ! (tout juste 45 calories)
Pauvre M. Van Houtte, il ne pourra plus jamais reposer en paix.
À suivre ....
Les propos de ce billet n'engage que la responsabilité de son auteure.
Source :
1) Cyperbresse, Toronto, 24 juillet 2006
2) Réjean Lacombe, Le soleil, 25 mai 2006
3) Richard Dufour, LaPresseAffaires, 29 août 2006
QU'EN PENSEZ-VOUS ?
En juillet 2006, la compagnie américaine Nic Lite nous a concocté une boisson au citron et à base d’eau contenant 4 milligrammes de nicotine, soit l’équivalent de deux cigarettes. Une boisson qui pourrait bientôt remplir nos tablettes d’épiceries et de dépanneurs.
Dans un communiqué édité en juin dernier, le fabricant, qui ose même percevoir son nouveau produit comme un complément alimentaire, (Ouf !...de la nicotine comme complément alimentaire ?!?) informe le public et les médias qu’il prévoit écouler sa marchandise principalement dans plus de cinquante aéroports, en fait directement aux points de vente de son principal groupe-cible : les passagers qui souffrent des vols sans fumée.
Les « Amaricains », fiers de leur compagnie et de sa nouvelle trouvaille, voient dans cette propagande un moyen de mieux composer avec les interdictions de fumer dans les lieux publics, en vigueur notamment au Québec et en Ontario.
Toutefois, même si Nico Worldwide (raison sociale officielle) a essuyé une défaite dans sa distribution aux États-Unis, l’agence américaine responsable de l’homologation des aliments et médicaments, le Food and Drug Administration, a déterminé que le produit Nic Lite ne pouvait être considéré comme un complément alimentaire, contrairement aux prétentions de l’entreprise.
Messieurs les dirigeants et directeurs marketing de Nico, vous n’êtes quand même pas sérieux ? Vous n’oseriez pas prétendre que votre boisson citronnée et « nicotinée » est de la catégorie des produits naturels ? Depuis quand la nicotine fait-elle partie des produits naturels ? Vu d’un certain oeil, effectivement, c’est un produit naturel au même titre que l’herbe à poux ou le cannabis ! Toutefois, je doute fort que nos spécialistes en alimentation aient le même point de vue.
La société californienne a déposé une demande au ministère canadien de la Santé afin que la boisson puisse être vendue au pays, cependant, elle n’a pas encore été approuvée par le ministère fédéral de la Santé et certains spécialistes doutent de son « efficacité ». Selon la directrice de la recherche et de la formation de l’Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario, Joanna Cohen, « même les thérapies de substitutions telles que les timbres et la gomme n’acheminent pas la nicotine au cerveau aussi vite que le fait d’en griller une, l’assimilation étant trop lente ». (1) Il semble que Mme Cohen n’est pas tout à fait convaincue qu’une boisson à base d’eau puisse satisfaire une crise de « nicotinite aigüe » !
Mais qu’entendons-nous par « efficacité » ?
Efficace selon quels critères ?
- La nicotine liquide ne procure pas autant de « satisfaction » que la nicotine contenue dans le tabac ?
- Elle n’est pas aussi « néfaste » ?
- Elle n’est pas aussi responsable des cancers de poumons ?
- Elle n’est pas non plus assez dangereuse pour faire l’objet d’une loi ?
- Elle n’a aucune odeur et ne dégage aucune fumée secondaire contrairement à la nicotine qui se fume ?
Considérant tous ces critères, les « AMARICAINS » peuvent bien prétendre que leur boisson à la nicotine est tout à fait inoffensive au point de la qualifier de produits naturels !
Ah ! Ces « Amaricains » ! Lorsque leur empire commence à décliner ... !
Défendu d’inhaler mais permis d’en boire...!
Mais que concluent les spécialistes du Food and Drug Administration en fait ? Épisode à suivre ...car nos voisins du sud ne se laisseront pas réglementer aussi facilement face à une boisson qu’ils considèrent inoffensive et en plus... « de santé » !
Et nos ministères de la Santé quant à eux, accepteront-ils la vente de cette boisson californienne au Canada ?
Car tous se souviennent qu’aussitôt que le ministère de la Santé a déclaré que la nicotine était responsable d’un haut pourcentage de décès reliés au cancer des poumons, le gouvernement québécois s’est empressé de nous pondre une loi antitabac et il a mis à la disposition des consommateurs, tous les moyens pour les inciter à « écraser » cet affreux clou de cercueil. Sans parler des millions de dollars investis en publicité, il offre même le remboursement de certains produits « anti nicotine ». En ce qui concerne mon cercueil, croyez-moi, il est très bien cloué !
Mais pour provoquer autant de remous, la nicotine doit sûrement être la vraie grande responsable du plus haut taux de décès au Québec, quoique curieusement, elle doit être moins nocive dans l’ouest canadien, elle ne fait pas l’objet d’une loi !
Et beaucoup plus que l’alcool entre autres !
Et finalement... la bière au lait... ! Et oui...au lait !
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, en mai 2006, naissait la « Lactiwel », une bière composée à 75% de lait et à 25% de malt, définie comme bière au lait. Le Bio Clips de l’actualité bio alimentaire du ministère québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) nous raconte d’ailleurs la trouvaille forte originale de M. Besnard, ce Français qui a su mettre au point cette bière au lait. À force de recherches, les techniciens de l’Institut national de la recherche agricole (INRA) de Rennes deviennent complices de sa trouvaille et la transforment en une fabrication de série. On fait appel à des bactéries lactiques savamment mélangées à des levures spécifiques contenues dans le kéfir, une boisson traditionnelle du Moyen-Orient. Le tout bien entendu fait l’objet d’une fermentation et l’on produit finalement une bière à deux degrés, d’une couleur jaune pâle, au goût sucré affichant une mousse légère.
Après les bières à la framboise, au sirop d’érable, au sarrasin, voilà qu’un spécialiste français entre dans la ronde des trouvailles brassicoles en mettant au point sa bière au lait, laquelle remporte même le prix de la meilleure innovation bretonne. En plus, cette bière au lait trouve preneur et se vend hebdomadairement à raison de 300 bouteilles de 75 cl. Selon M. Besnard, il n’entend pas transformer l’industrie laitière française en une immense barrique à bière et ne veut pas non plus la produire d’une façon industrielle « car, dit-il, c’est trop coûteux ». Mais, cela ne l’empêche pas de chercher un partenaire qui contribuerait à fabriquer la bière au lait sur une plus grande échelle et naturellement atteindre la grande distribution.
Néanmoins, de ce côté-ci de l’océan, notre industrie laitière québécoise qui cherche désespérément de nouveaux débouchés pour son lait, se frotterait les mains devant de telles perspectives(2).
Peut-être que nos bonnes vieilles bovines blanches tachetées noires seraient même prêtes à redoubler d’effort pour que leur lait se transforme en bière !
Néanmoins, M. Besnard n’a pas encore dit son dernier mot. Paraîtrait qu’en mars dernier, il a mis au point un cola à partir du même lait fermenté au kéfir et sans sucre ni édulcorant en plus. Une bière au lait et un cola au lait... Ah ! Ces Français !
Et qui sait si le biberon de l’avenir ne sera pas rempli de bière au lait ! Fini les nuits blanches, bébé dormira à poings fermés jusqu’au lendemain matin ! Et même que dans quelques années on accordera peut-être à M. Besnard une mention honorable pour avoir contribué à contrer la dénatalité au Québec ?
« Prendre un verre de bière mon minou...
C’est prendre un verre de lait...c’est tout » !
On aura tout bu !
Monsieur Besnard peut lui aussi dormir à poing serrés, la concurrence n’est pas pour cette année ; car le nouveau Cola allie l’essence de café et le goût du coke tout en demeurant une boisson gazéifiée ! En plus, la bouteille se distingue par son étiquette noire, brune et or. Et notre géant « Amaricain » estime que « cette nouvelle boisson-fusion contribue à rafraîchir le corps et l’esprit » !(3) Tous les qualificatifs sont bons, l’important est de mousser la vente du nouveau Coca-Cola Black ! (tout juste 45 calories)
Pauvre M. Van Houtte, il ne pourra plus jamais reposer en paix.
À suivre ....
Les propos de ce billet n'engage que la responsabilité de son auteure.
Source :
1) Cyperbresse, Toronto, 24 juillet 2006
2) Réjean Lacombe, Le soleil, 25 mai 2006
3) Richard Dufour, LaPresseAffaires, 29 août 2006
QU'EN PENSEZ-VOUS ?
1 commentaire:
La nicotine en tant que telle n'a jamais été responsable du cancer du poumon ! Ce qui l'est, ce sont les goudrons et les agressions - fumée et température. La nicotine existe - ou existait - dans beaucoup d'aliments, telle la tomate !
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